top of page
Posts épinglés
Recent Posts
Search By Tags
Follow Us
  • Facebook Classic
  • Twitter Classic
  • Google Classic

Les couleurs du passé


Un jouet de chiffon, abandonné dans l'herbe, inutile, sale et usé, terrible insulte faite à tout ce qu'il a été.

Ses couleurs délavées témoignent de son âge, les teintes d'un passé qui revient me gifler.

Cette claque, petit bonhomme de tissu, tu me l'as assénée avec la force de tout ce que tu portes en toi, tous ces souvenirs en attente qui n'attendaient que toi pour resurgir et frapper.

Je t'ai laissé tomber, voilà bien trop d'années, à cet endroit précis, ivre de douleur, asphyxié de chagrin.

Pour moi tu n'étais déjà plus.

Tu avais autrefois une réelle existence, que t'accordait jour après jour l'imagination fertile d'un enfant attentionné, celui qui t'a aimé comme un ami, et même davantage, comme un frère.

De caresses en baisers, de contes en confidences, vous étiez si liés, comme un corps et son âme.

Il a été ta fée bleue, mon petit Pinocchio, il avait fait de toi un être d'esprit et de coeur, et tu es aujourd'hui, mon vieux Gimini, la voix de ma conscience, elle qui se réveille et me tire en arrière, elle qui se redresse et me happe vers hier.

L'émotion qui me noie me donne les couleurs que toi, tu as perdues, laissé seul face au temps. Jamais je n'aurais dû t'abandonner.

Si ton coeur s'est éteint avec celui de ton double, ton ami créateur, le mien bat maintenant comme les tambours du Bronx, un concert thoracique donné en ton honneur, pour fêter ton retour, commémorer notre peine commune.

J'ai cru voir dans tes yeux un sourire et des larmes, des perles d'acrylique mêlées de l'espoir fou d'à nouveau exister, qui portent encore en elles la mémoire du sourire de l'enfant qui autrefois te portait au pinacle de ses priorités.

Je ne pourrai jamais rattraper tout ce temps, te redonner tes couleurs vives d'antan, mais je te rends ta place aux côtés de ton frère, dans mon coeur fatigué, usé de ne plus battre que pour des souvenirs.

bottom of page